Trouvant ma prestation très bof, j'ai décidé de refaire une version plus "moderne" de la légende. Cette dernière me satisfait déjà bien plus... La voici !
Oh et pis voilà la version originale- Click here for the original English version.
Ban Pin Shan
Quand on prend le train et qu’on arrive à Kaohsiung, au sud de Taiwan, on peut apercevoir une montagne appelée Ban Pin Shan » (半屏山).
Cette montagne porte vraiment bien son nom puisqu’il lui manque une moitié, (半= moitié) comme si un géant l’avait tranchée en deux avec un sabre (géant aussi du coup).
Curieux de savoir ce qui se cache derrière cette moitié manquante ?
Bah voici la légende qui explique TOUT.
Il était une fois, à l’époque où Ban Pin Shan était encore en un morceau, un petit village tout ce qu’il y avait de plus ordinaire.
Un jour, un vieux croûton vendeur de dumplings arriva au village. Cheveux blancs, barbe blanche (plutôt logique pour un vieux de son âge, les gens ne se teignaient pas les cheveux à l’époque, enfin en tout cas pas dans cette histoire).
Pour ce qui est de ses vêtements, c’était pas bien joli à voir non plus, ils étaient tellement usés qu’il ressemblait plus à un sac à patate qu’à autre chose.
Par contre, il portait un énoooooorme panier de dumplings tout frais tout chaud qui sentaient vraiment bons.
Le truc c’est que tous les villageois le prenaient pour un fou, parce qu’il passait son temps à crier :
« Chauds mes dumplings, chauds ! Un pour dix cents, deux pour vingt cents, et 3 pour que dalle ! »
Pour ceux qui n’ont pas encore compris (ça peut arriver), en gros, si tu lui achètes 1 ou 2 dumplings, ben tu paies, mais si tu en veux trois, ben il te les fait gratos. (Au-delà de 3 par contre c’est un peu bête mais je sais pas ce qui se passe vu que c’est pas dans l’histoire…)
Bref. Le vieux croûton vendeur de dumpling continuait de crier à s’en faire perdre la voix.
Du coup, les villageois commençaient sérieusement à se poser des questions.
« Mais que se passe-t-il ? » s’écrièrent-ils en chœur.
« Chauds mes dumplings, chauds ! Haricot rouge et sésame. Un pour dix cents, deux pour vingt cents, et 3 pour que dalle ! »
Du coup, encore plus de villageois se pressèrent autour du vieux, bien curieux de voir si ce qu’il disait était vrai.
« Mais c’est pas possible…Trois dumplings pour… que dalle ? Ce vieux fou doit essayer de nous rouler, ou encore pire il doit nous cacher quelque chose ! »
« Ouais ben moi je m’en tape ! Je vais les bouffer moi ses trois dumplings, et on verra bien s’ils sont gratuits ou pas. » dit Wang Er Woo Man. (le seul vrai personnage qui a un nom dans l’histoire)
« Hmmm. Pinaise ils déchirent ces dumplings ! » s’exclama Wang tout en dévorant les dumplings, chacun aussi gros qu’un oeuf de poule. (ça fait beaucoup)
Après avoir fini son deuxième dumpling, Wang Er Woo Man était tellement plein qu’il pouvait plus rien avaler, et demanda alors au vieux croûton :
«Bon, donc pour récapituler, si je mange les trois dumplings, je paie rien hein ? »
«Eh… je crie la même chose depuis plus d’une heure, je vois que tu commences à comprendre… OUI. Je ne mens jamais (sauf à ma femme). Si tu manges le troisième, tu ne me dois rien. » dit le vieux croûton, un peu agacé.
Wang Er Woo Man engouffra alors le dernier dumpling sans même prendre la peine de le mâcher (ça sert à rien quand t’as faim) afin de ne rien avoir à payer. Le vieux croûton tint évidemment sa parole et ne lui fit rien payer.
Après coup, les autres villageois se ruèrent sur le petit vieux pour lui commander des dumplings. Et bien entendu, aucun d’eux n’en demanda qu’un ou deux… (sinon l’histoire aurait pas vraiment d’intérêt).
Le problème étant qu'il n'y en avait pas pour tout le monde. Et ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait manger à l'oeil dans cette région paumée.
S'en suivit donc une bataille des plus violente, chaque villageois étant bien décidé à avoir sa part du "gâteau"...
Après une bonne cinquantaine de morts et une bonne centaine de blessés (bah on est en Asie, tous les villageois maitrisent le Kung Fu !) les villageois restants avait mangé la totalité des dumplings du vieux vendeur.
« Bande de porcs, on peut dire que vous avez de l’appétit. » dit le vieil homme avec un sourire malicieux.
Ceux qui n’avaient pas pu goûter à ses délicieux dumplings étaient soit morts, soit trop blessés pour pouvoir l’empêcher de s’en aller.
Un des villageois qui était suffisamment en état pour pouvoir parler s’écria alors…
« Hey les gars regardez ! Il manque un bout à la montagne derrière notre village ! »
« Pff n’importe quoi. Oh le gros naze. C’est plutôt à toi qu’il manque un bout ouais. Allez rentre chez toi ou on t’achève. »
« Ouais d’abord ! » confirmèrent les autres villageois.
« J’en reviens pas de voir un vieux aussi fou. » dit l’un.
« Ouais clair, pis ses dumplings sont vraiment supa bons. Je me demande bien de quoi ils sont faits, pis d’où il vient ce vieux croûton. Si seulement il pouvait venir tous les jours, ça serait juste ENORME !» dit un autre.
Les villageois étaient tous bien d’accord sur ce point.
Le lendemain, le vieux croûton réapparut au village.
« Chauds mes dumplings, chauds ! Cacahuètes (faut bien varier un peu) et sésame. Un pour dix cents, deux pour vingt cents, et 3 pour que dalle ! »
Une fois de plus, les villageois ne se firent pas attendre et tout comme la veille, bataille fit rage… et encore des morts.
Tous les dumplings du vieux furent rapidement engloutis. Les villageois ne prenaient plus la peine de les mâcher, comme Wang Er Woo Man.
Le troisième jour, rebelote. Re-morts, re-blessés, le village avait perdu un bon 50% de sa population avec ces conneries de dumplings.
« Hey Monsieur, tu peux me donner juste un dumpling s’il te plait ? » dit un jeune villageois (c’était un peu le benêt du village).
Les villageois, stupéfaits, le regardèrent alors avec mépris.
« Euh… mon petit, j’imagine que t’as pas dû faire Science-Po mais bon, est-ce que t’as bien entendu ce que je dis depuis maintenant 3 jours à chaque fois que je viens dans ton village tout pourri ? Tiens voilà je vais t’aider un peu, je te la refais atta. Un dumpling pour dix cents, deux dumplings pour vingt cents, et trois pour que dalle . Et maintenant tu vas me dire pourquoi tu voudrais juste un dumpling alors que tu pourrais en avoir TROIS pour QUE DALLE… »
« Bah je sais ouais m’sieur, j’ai compris. Mais je te vois tous les jours là avec tes cheveux sales, tes vêtements tout pourris et ton gros panier en osier tout pourri aussi, tu me fais pitié m’sieur. J’aimerais bien t’aider un peu du coup, mais j’ai tout juste assez d’argent pour en acheter qu’un seul de tes dumplings trucs là. »
Inutile de dire que les villageois avaient l’air bien cons là. Ils avaient été bien radins envers le vieux croûton, et se sentaient bien honteux.
-«Ha, Ha! Je t’ai enfin trouvé. Ebe il était temps. Tu es la personne idéale pour devenir mon larb…disciple. Et ouais, parce qu’en fait, je suis pas juste un vieux croûton qui pue et qui vend des dumplings, mais je suis… le Dieu de la montagne derrière ton village !! HA-HA-HA ! »
Et oui, le Dieu de la montagne s’était déguisé en vieux croûton qui pue pour tester le cœur des villageois (et en tuer indirectement une petite centaine),et trouver un larb… disciple à la hauteur de ses espérances, un jeune homme généreux et digne de confiance. Ses dumplings n’étaient pas de réels dumplings, mais faits à base de boue, prélevée à même la montagne. (quelle enflure quand même ce Dieu)
Après avoir écouté attentivement les explications du Dieu de la montagne, les villageois accoururent pour voir ce qu’il était advenu des dumplings restants. Ben merde, il restait que de la boue dans le panier du vieux…
Le Dieu de la montagne emmena alors avec lui le jeune homme et lui enseigna la Magie (un peu comme Harry Potter quoi).
Pour ce qui est des villageois survivants des trois derniers jours, je peux vous dire qu’ils étaient bien blasés d’avoir mangé toute cette boue et auraient aimé pouvoir vomir tout ce qu’ils venaient d’ingurgiter. Ils se sentaient bien honteux, et regrettaient tout ce qu’ils avaient pu dire au sujet du vieux croûton, mais bizarrement, pas au sujet du jeune benêt. Non ça il l’avait mauvaise.
Et c’est depuis cet incident que l’on appelle cette montagne… Ban Pin Shan !
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